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Dhagpo Nord- Pas-de-Calais - groupe de méditation

La distraction, une opportunité de clarté

6 Avril 2014, 20:20pm

Publié par kttnord

Toutes les traditions bouddhistes s’accordent pour dire que la méditation a d’abord pour but de pacifier l’esprit et de le clarifier. Nous ne pouvons, de fait, fabriquer une sérénité de l’esprit. Il nous faut rassembler les conditions pour que, de lui-même, l’esprit se pacifie. Quand à la clarté, elle est discernement, compréhension. La méditation permet de voir et d’identifier progressivement les fonctionnements de l’esprit, ce qui se passe en deçà de ce que nous pouvons percevoir maintenant.

Quand on commence à méditer, la première rencontre est celle de l’agitation, une sorte de chaos intérieur fait d’images, de pensées, de sensations… Alors que l’instruction nous demande de rester centré sur la respiration, à peine nous sommes nous posé sur le souffle que déjà nous sommes emporté par le flot des pensées. C’est la distraction. La distraction est une processus assez simple : nous sommes sensé rester conscient de la respiration, mais, par habitude, nous suivons le discours des pensées.

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La distraction est causée d’abord par les stimuli sensoriels extérieurs : les bruits, les mouvements, les voix, les odeurs, etc. Au début, il est impossible de ne pas être pris par tout ce qui se passe dans notre environnement. Mais, progressivement, nous pouvons nous émanciper de l’influence des distractions extérieures.

Comme nous sommes très forts, nous arrivons à nous distraire nous-mêmes. Nous sommes distraits par notre propre discours intérieur. Généralement, au quotidien, nous sautons d’un sujet à l’autre, d’une idée à l’autre, discutant avec nous-même sans fin : souvenirs, projets, commentaires. C’est une habitude profondément ancrée qu’il nous faut d’abord identifier et reconnaître. Mais alors même que, durant la méditation, nous essayons de la voir, elle nous emporte. Au final, la session de méditation se passe plus en errance mentale qu’en présence à soi-même.

Et c’est naturel… D’accord, mais comment faire ?

Il est un moment privilégié dans la méditation, un instant clé. C’est le moment magique où nous nous rendons comptes que nous sommes en train de penser. Evidemment : ce n’est pas parce que nous avons décidé de méditer, que tout à coup les pensées vont s’arrêter ou que l’on sera capable d’en apprécier le mouvement sans le suivre. La distraction fait partie du processus méditatif. Mais quel que soit le nombre de fois où nous nous égarons et la durée durant laquelle nous errons, arrive toujours le moment où l’on voit et l’on se dit : « Je suis en train de penser. »

Le moment clé est là : c’est à cet instant que nous avons l’opportunité de revenir à la respiration, de nous (re)poser sur le support. Et bien non ! C’est alors que nous commençons à en rajouter, jugeant notre méditation mauvaise puisque nous sommes distrait, râlant peut être contre notre incapacité à rester stable, maugréant sans doute contre ces pensées qui jamais ne s’arrêtent. Ce faisant, nous ne nous rendons pas compte que nous rajoutons de la pensée à la danse des concepts. Nous nourrissons alors la distraction avec ce secret espoir de ne plus en avoir, de pensées. Chercher une méditation sans pensées est le must de la distraction !

Proposition : à cet instant privilégié de clarté où nous nous rendons compte que nous sommes distrait, réjouissons nous de voir.   En général, c’est à ce moment là que nous jugeons notre méditation, c’est alors que nous commentons ce qui se passe. Nous sommes plus occupé par la distraction elle-même que par le fait d’en être conscient. Or, cet espace de reconnaissance est notre chance de prolonger la clarté, en revenant doucement et avec rigueur à la respiration. Ne le ratons pas : ce moment de clarté est le germe d’une vigilance qui peut s’accroitre si nous ne l’encombrons pas de nos commentaires inutiles. Ce retour instantané à la conscience est le pivot de la méditation, l’espace qui rend possible l’attention, le lieu de l’entrainement.

Un jour, j’ai demandé à une ado qui s’entrainait à méditer ce qu’était pour elle la méditation. Elle m’a répondu : c’est revenir. Elle avait raison ! C’est en appréciant les instants de clarté, de reconnaissance de nos errances mentales que nous pouvons revenir à l’attention et laisser les mouvements de l’esprit libres. C’est alors que, peu à peu, l’esprit se pacifie, de lui-même.

Puntso

Source : site internet Dhagpo Bordeaux

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